« Murmuration » est le nom anglais qui désigne les nuées d’oiseaux, principalement des étourneaux que l’on peut observer au début de l’hiver, juste avant le crépuscule. Le spectacle est captivant, prenant la forme d’un énorme nuage dansant dans le ciel, tel un ballet aérien.

Le phénomène reste encore mystérieux auprès des scientifiques mais des hypothèses sortent du lot :

  • il s’agirait d’une stratégie de survie face aux prédateurs : l’oiseau isolé étant plus vulnérable, chacun s’applique donc à voler le plus proche possible de ses voisins en copiant exactement leur vitesse et leur direction,
  • le phénomène fonctionnerait en auto-organisation, ni leader, ni centre organisateur, ni programmation au niveau individuel d’un projet global. Ces phénomènes d’auto-organisation s’observent par exemple aussi bien dans les sociétés animales (organisation d’une fourmilière) que dans les sociétés humaines (applaudissement, panique collective, intention de vote) ou les systèmes géographiques (les réseaux urbains).

Le comportement de l’étourneau en groupe est ainsi un exemple d’auto-organisation, et la réponse collective de cette espèce grégaire à des événements perturbants lui donne un net avantage évolutif. Les interactions au sein d’un grand groupe fournissent à chaque animal une gamme de perceptions effectives beaucoup plus large que s’il était isolé, améliorant ainsi la réponse globale du groupe aux perturbations.

Est-il possible de définir ou d’imaginer, au regard de ces principes, un modèle de société qui pourrait nous permettre d’affronter les défis environnementaux de demain ? Le collectif est peut être une réponse.

En proposant « Murmuration », notre intention est donc d’interroger sur nos modèles de société mais aussi d’ancrer la présence d’oiseaux dans le paysage urbain.

D’après deux études réalisées en 2018 par le CNRS et le Musuem National d’Histoire Naturelle, la population d’oiseaux communs est en chute libre (baisse de 30% en 30 ans). Les espèces les plus nombreuses restent toujours visibles même si leur nombre a fortement diminué. Pour les autres, nos modes de vie et l’aménagement urbain les ont chassés. Certaines espèces se sont adaptées comme les pigeons et les corneilles qui n’hésitent pas à se nourrir dans les poubelles mais d’autres ne trouvent plus de quoi se nourrir et ne trouvent plus de refuge. C’est le cas des hirondelles et des moineaux, la raréfaction des insectes pour l’un (pollution, manque d’espaces verts ou espaces verts conçus pour être uniformes, …) et le manque d’habitats potentiels pour l’autre (construction lisse en béton ou en verre) en sont les causes.

Les oiseaux font partie de notre écosystème et leur présence ou leur absence nous éclaire sur la qualité de la biodiversité. Leur disparition doit nous alerter comme le canari alertait les coups de grisou dans les mines.

Ainsi, « Murmuration » qui réinterprète une nuée d’oiseaux : 1) par le jeu des tailles et des formes des oiseaux, rappelle le besoin de sauvegarder les espèces et la qualité de la biodiversité, 2) par l’effet du vent, qui provoque un léger mouvement des ailes ce qui a pour effet de rendre l’ensemble animé et vivant, rappelle la nécessite de construire une société d’actions collectives.